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Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie I : Urgence et discontinuité

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Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie I : Urgence et discontinuité
09 Juil 2024

Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie I : Urgence et discontinuité

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Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie I : Urgence et discontinuité

La Précarité s'impose pour ceux qui la subissent comme une modification de la perception du Temps. Pour le dire les choses simplement, une personne même pauvre vit tout de même dans un monde "ouvert", dans lequel l'avenir peut être certes incertain mais tout de même indéterminé et porteur de possibilités.

Pour la plupart des gens qui ne sont pas marqués par la Précarité, l'avenir c'est du "possible". Il en va tout autrement chez les personnes précaires, pour qui demain leur apparaît comme forcément et toujours plus sombre qu'aujourd'hui.

La manière de vivre le temps, qui découle de cette position vis à vis du Temps, donne lieu à des attitudes et des "invariants" que les acteurs sociaux, qui agissent auprès de ces publics connaissent bien.

Le premier de ces invariants,  est l'Urgence.

l'Urgence, ou plutôt le sentiment d'urgence, sont un phénomène bien connu et bien pris en compte dans la pensée et les pratiques du Travail social depuis le XIXème siècle. Dans cette vision, l'Urgence est vue comme une occasion, à condition qu'on lui résiste un peu,  pour agir sur des problèmes humains et sociaux , plus profonds.

Toutes les pratiques traditionnelles des intervenants sociaux , dans le traitement de cette urgence reposent sur le postulat qu'il convient de mettre "du temps long" dans les réponses, d'instituer l'attente, la distance.  Dans cette conception , le sentiment d'urgence qui agite les publics ou les individus du travail social, apparaît comme une "porte d'entrée", une occasion pour se mettre en relation, établir des liens de confiance. C'est un "temps" de la prise en charge ou de l'accompagnement.

Dans l'Histoire des idées et pratiques en Travail social, très influencée par la pensée médicale dominante du XIXème siècle, la nature, la fonction et la conception de l'Urgence sont assimilés à la notion de "crise" en médecine. L'urgence serait une "crise" ou à défaut, un symptôme, c'est à dire une étape propre à un diagnostic, et préalable à un "traitement". Le dit traitement portant sur les "causes" serait à même de faire cesser la crise et les symptômes.

Pour autant cette conception de l'urgence, "classique" est totalement inappropriée pour comprendre la nature, le rôle et la fonction de l'urgence (ou du sentiment d'urgence) dans la vie des personnes précaires.

l'Urgence ne fait jamais défaut

En effet, pour une personne "précaire", l'Urgence n'est pas une crise, elle est un événement qui ne fait jamais défaut. Elle n'est pas un accident dans un parcours, mais en quelque sorte, elle constitue la matière la plus ordinaire de ce parcours lui-même. Pour un précaire, "répondre aux urgences quotidiennes",  s'apparente à la vie elle-même. Ce n'est pas une occasion de changement, c'est le seul élément continu dans une vie marquée par la fragmentation, la déliaison.

Pour le précaire, l'urgence est un combat existentiel, le combat de tous les jours pour tenter de limiter une impression de dégradation généralisée de toutes les conditions de vie. On se bat dans l'urgence pour ne pas perdre sa santé, son logement, la scolarité de ses enfants, les allocations essentielles, son travail , sa voiture ou son couple.

Il n'est d'aucune utilité pour les groupes ou les personnes en situation de précarité qu'un travailleur social leur explique que l'urgence est relative ou erronée. Car elle est ce qu'il y a de plus réel et de plus concret pour eux et aucun travail social efficace, auprès de ces publics ne peut se passer d'y répondre, au risque de "rater" le contact ou la relation. Si on ne les rejoint pas dans leur combat, on les perd.

Certes, cette vie "dans l'urgence" empêche et constitue un obstacle majeur à toute tentative d'établir de la continuité et de la durée dans les investissements, dans les projets de vie. A quoi bon , en effet, essayer de diriger le cours de son existence quand on est à ce point assuré qu'on n'en aura pas l'occasion, car toute une série  de "catastrophes" potentielles ou réelles ne manqueront pas d'épuiser toute l'énergie disponible.

Ce qui caractérise cette "urgence précaire",  c'est cette logique, cette certitude  du "pire à venir"; le précaire répond aux urgences avec ce sentiment que c'est "peine perdue". Le seul levier intéressant pour l'acteur social,  qui souhaite avoir un véritable impact sur les publics et les situations,  relève de ce domaine de la perspective, de la croyance et de l'avenir.

Au delà de la réponse immédiate à la situation d'urgence , dans laquelle il doit s'employer,  son véritable travail consiste à attaquer concrètement cette certitude et cette acceptation du pire à venir.

L'ambition d'améliorer les perspectives de vie, d'agir pour que "demain soit plus beau qu'aujourd'hui", plutôt que de prétendre changer l'attitude ou le comportement des personnes accompagnées peut seule constituer une motivation nouvelle pour les personnes concernées.

Cet engagement durable pour une vie meilleure, constitue la seule perspective qui puisse faire obstacle au vécu de la discontinuité.

Contre l'Urgence , il faut l'alliance; c'est le seul remède "naturel" qui puisse avoir de l'impact.

 

 

 

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