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Le droit aux miettes

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Le droit aux miettes
19 Mai 2024

Le droit aux miettes

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  "Même les chiens ont le droit de manger les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres"

Quand on travaille en Pédagogie sociale, et surtout vis à vis des publics le plus précaires, qui cumulent toutes les insécurités et incertitudes, il arrive souvent qu'on n'ait pas la solution des problèmes, devenus insolubles.  On pourrait alors adhérer aux méthodes du Travail social classique, qui assignent toujours des objectifs, sans lien concret avec les pratiques.  Il s'agira de trouver un emploi, pour celui qui n'en a pas; des papiers,  pour celui qui en manque; un logement, pour celui qui est à la rue. La démarche parait simple et évidente; on identifie un manque pour en faire un but.

Sauf qu'il n'y a rien de réaliste dans une telle démarche. A chaque fois qu'on porte le sens de notre activité sur une  chose sur laquelle nous n'avons pas de prise, on se prive de toute efficacité.

Certes, à partir de procédures "techniques", des mesures "clef en mains", des dispositifs qui se succèdent à propos des mêmes problèmes, on peut produire des leurres: des accompagnements, des suivis, des "prises en charge", avec un début et une fin. Et on pourra toujours faire l'addition du nombre des projets, contrats signés, rendez-vous honorés et démarches effectuées. On pourra rendre compte de l'emploi du  temps et du déroulement des procédures, tant pour les publics, que pour les agents.

Mais, pour autant, cette sur-visibilité de l'aspect opérationnel de nos activités ne nous renseignera en rien sur la portée véritable de nos actions. A savoir: Qu'est ce que nous avons produit?  Est ce que des "destins", des itinéraires auront été changés, transformés?

Il y a dans cette vision "technique-opérationnelle" de travailler, d'éduquer et d'accompagner, une forme de refus de la rencontre vraie, du temps présent, voire même de la connaissance de la réalité des personnes concernées.  On ne retient d'elles que ce qui leur manque et la destination où on voudrait les amener.

Il y a si peu de désir et de curiosité de connaître ce qui est vécu; comme par exemple: "Comment font les gens pour poursuivre et mener à bien  la vie qu'ils ont, malgré toutes les difficultés?

La pensée positive, orientée sur l'objectif ne porte que peu d'intérêt à la réalité sociale, économique, administrative, politique et environnementale, des "bénéficiaires".

En Pédagogie sociale, nous considérons à l'inverse qu'un travail dans lequel on n'apprend rien, sauf à en affiner et améliorer les procédures, est un travail qui a peu de chance d'avoir un impact véritable.

C'est un peu comme si nous raisonnions avec l'obsession d'obtenir du bon pain en période de famine; il ne sert à rien de nous concentrer sur  l'image idéale, la perfection, l'unité, la qualité de quelque chose qui fait défaut, alors que les gens ne vivent que de miettes.

Connaître la réalité c'est s'intéresser et se passionner, pour savoir comment font justement ces personnes pour vivre avec les miettes dans leur existence.

C'est cette économie des miettes qui est la seule chose vraiment réelle dans la vie de tous les publics précaires que nous rejoignons.

Aucun travail éducatif et social ne peut se passer de partir de ce point de départ là.  C'est dans cette réalité que toute chance d'évolution et de changement se situe. C'est à partir de ce point zéro, que nous allons pouvoir commencer à travailler efficacement.

Plutôt que de chercher des "pains" introuvables, inaccessibles, nous allons nous demander avec nos publics comment toujours faire un peu plus avec "nos" miettes. Comment le commun, que nous constituons et élaborons petit à petit, au travers de nos actions, peut nous mener à faire de ce presque rien, quelque chose.

Une miette en effet ce n'est pas grand chose, mais c'est l'élément essentiel de tout pain. Après tout, le pain n'est constitué que de miettes.

En Pédagogie sociale, nous ne nous donnons que des objectifs qui portent sur ce que nous pouvons réellement réaliser ou contrôler.  Nous pouvons agir sur nos propres pratiques, nos attitudes, nos représentations, nos modalités d'action, d'accueil; car ce sont "nos" pratiques.  En en assumant la maîtrise, nous pouvons dès lors modifier la manière dont nous constituons du collectif,  à partir et à l'occasion des gens qui sont effectivement là, et que nous n'avons ni triés, ni choisis.

Quand nous travaillons à ce niveau concret, nous somme efficaces et nous avons une vision claire des situations, des problèmes, des possibles. Dès lors, nous pourrons transformer , améliorer cette réalité qui nous concerne nous-mêmes, comme nos destinataires.

C'est en ce sens, que même si nous n'avons, pas plus que d'autres,  la solution aux problèmes sociaux, et sociétaux d'aujourd'hui, et de demain,  nous sommes pourtant en mesure de proposer le seul véritable travail efficace.

Nous ne voyons pas en effet, dans le problème quelque chose à supprimer, mais plutôt un début de solution à amplifier, généraliser, à partir des trouvailles de chacun pour y survivre.

 

 

 

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