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L'attirance morbide pour le Social: incompétence, victimisation et recherche d'aubaine

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L'attirance morbide pour le Social: incompétence, victimisation et recherche d'aubaine
08 Avr 2025

L'attirance morbide pour le Social: incompétence, victimisation et recherche d'aubaine

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Nous aimerions tous que les dangers qui menacent les initiatives nouvelles et prometteuses dans le cadre Social, n'aient pour ennemi que le manque de soutien, voire l'hostilité des institutions.  Nous serions tous attachés à un récit héroïque qui opposerait simplement des acteurs valeureux à des forces réactionnaires.

Bien entendu, une telle représentation ne tient aucun compte du fait que d'autres véritables "adversaires", plus redoutables en tout cas, sont plus souvent à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos entreprises.

Nous le savons, les actions sociales émergentes ont toutes comme point commun, leur fragilité, leur manque de soutien institutionnel et public. Or, c'est précisément cette vulnérabilité qui les expose à une autre source de danger, qui vient , elle, "de l'intérieur" , de la part des acteurs qui entretiennent vis à vis de celles-ci un rapport ambigu de fascination et d'agressivité.

Vouloir être sur la photo

Les actions innovantes attirent; on ne s'y trompe pas. On sent dans leur mode d'action, toute la pertinence de leur projet. On sait quasi-instinctivement les reconnaître ; elles se désignent d'elles mêmes comme prometteuses. Il y a dès lors comme un prestige à les rejoindre, à les côtoyer, à vouloir y paraître.

C'est un peu comme ces "posts", ces contenus qu'on n'a pas créé, mais qu'on veut être les premiers à partager sur nos réseaux sociaux. Nous n'y sommes pas pour grand chose, mais si on est dans les premiers à les "partager", c'est un peu comme si on se les appropriait, alors qu'on n'a fait que cliquer ou "liker".

Les promoteurs sociaux et éducatifs connaissent bien cette motivation souvent étonnante de la part de nombreuses personnes, pour les rejoindre. A ce stade, l'envie est totale. Ceux qui postulent pour rejoindre la nouvelle organisation savent faire preuve d'enthousiasme et celle-ci est contagieuse.  Les promoteurs qui souvent, portent seuls depuis des années , cette volonté de construire, de faire, de réaliser, dans un premier temps sont facilement abusés par ces "supporters" tout acquis à "la cause".

Ils espèrent y trouver enfin une relève tant de fois espérée! Ils y voient comme le premier effet de leur entreprise , celui de convaincre et de rallier à la structure naissante une aide ô combien nécessaire.

Le triptyque fatal: incapacité, victimisation, recherche d'aubaine.

Le Social, quand il est efficient, quand il permet de nommer de nouveaux besoins sociaux, quand il "colle" à la perception d'un monde qui se délite, génère de la fascination.  L'ambiguïté provient que ceux qui veulent rejoindre l'aventure ne savent pas très bien eux mêmes si la raison de leur "adhésion" provient d'un désir d'agir ou de celui de "recevoir" et d'être mis en valeur, à leur tour.

Et c'est pourquoi il est si fréquent, que ces nouveaux arrivants, à peine installés retournent rapidement leur énorme motivation. en ... énorme déception!

Et voici que ceux qui ont réclamé de rejoindre l'équipe, à cor et à cri, parfois depuis des années, manifestant souvent une grande capacité d'attente,  montrent à peine arrivés, les signes de fatigue les plus inquiétants.

Ils ne tardent pas à exprimer une forme d'inconfort sur tous les plans; les actions tant désirées leur paraissent subitement pénibles.  Comme s'ils n'avaient rien anticipé, la nécessité de tenir dans la durée leur semble un poids insurmontable.

Ils ne tardent pas à se déclarer victimes, sur le plan personnel, du fonctionnement qu'ils avaient espéré mettre en oeuvre.  D'un seul coup, ils accusent la réalisation de leur projet d'être à l'origine de tous les problèmes qu'ils peuvent rencontrer dans leur vie personnelle.

Petit à petit, c'est ce travail tant désiré qui devient pour eux l'élément à abattre.

Ils buttent à présent sur une réalité qui leur parait insurmontable. Ce travail qu'ils pensaient fait pour eux, ils ne savent tout simplement pas l'accomplir.  Les voici qui buttent sur leurs propres limites et ce, tellement rapidement, que c'est trop difficile à accepter.

Face à cette incapacité qui les trahit, la tentation est alors forte , d'inverser les choses et de se présenter comme victimes: d'un seul coup, à peine expérimenté, le travail est trop dur;  la discipline nécessaire à toute organisation leur apparait subitement comme une violence contre eux-mêmes.  Puisqu'ils ne sont pas capables de tenir, il faut que ce soit la faute de l'organisation ou du dirigeant.

Cette même idée qui les avait fait venir, c'est à dire celle de servir un projet, ils la voient à présent non comme une mise à disposition mais comme un asservissement.

Rapidement, ils s'enferment dans un fonctionnement qui allie silence et absentéisme. Ils se mettent à voir le manque de motivation comme une protection nécessaire pour eux mêmes, alors même que cette attitude les amène logiquement à "décrocher" de tout ce qui fait sens dans leur propre travail.

Ce décrochage n'a évidemment qu'une issue: leur départ. Mais celui-ci, sur la base d'un échec leur apparaît comme insupportable.  Bien qu'ils se soient eux même trompés sur ce travail, ils ne peuvent pas tout simplement s'en aller. Il leur faut à présent des "compensations".  La rupture conventionnelle, qui n'a aucun sens car  leur départ après si peu de temps fragilise encore plus la structure qui a eu le plus grand mal à les recruter, devient une exigence quasi existentielle. Les voici qui réclament indemnité, formation, congés supplémentaires avec la claire assurance que cela leur est dû.

Le pire est qu'on finira par leur accorder tout cela, ne serait ce que pour ne plus avoir à supporter une attitude nuisible sur l'équipe et les bénéficiaires; ils les ont en quelque sorte "pris en otages", sans bien sûr se l'avouer à eux-mêmes.

La fascination/rejet pour l'engagement

Ce qu'il s'agit, dans leur esprit, de "faire payer" aux promoteurs de l'action, c'est le fait que ces dernier "durent", et qu'ils ne songent à retirer aucun bénéfice d'une action fragile qu'ils s'évertuent à "porter".  Face à un tel miroir, il faut accuser et se victimiser, et se représenter à soi même comme un travailleur épuisé, surtout si cela ne fait que quelques mois, qu'on est arrivés et qu'on n'a pas fait grand chose.

Bien entendu, il s'agit d'une recherche d'aubaine, d'une prime pour un mensonge à soi-même; mais malheureusement les structures innovantes sont trop souvent victimes de ce type de recrutement désastreux, qui représente pour elles une source énorme de danger, y compris pour l'image de l'action.

La vérité est-elle trop simple? Faut-il que les actions fragiles attirent des gens fragiles  et ce, à leur propre détriment?  mais à l'inverse n'est il pas normal également qu'il faille des profils atypiques pour des actions atypiques?

Ou alors, la réalité est encore plus crue: une action qui n'est pas soutenue à son échelle, paraît faible. Et on peut vouloir profiter de cette faiblesse. La fragilité de ces structures aiguisent les appétits à se retourner contre elles. C'est tellement plus facile que dans une entreprise ou une grande organisation qui aurait des moyens pour se défendre...

S'entourer des bonnes personnes

En réalité, il n'y a malheureusement que l'expérience qui permette aux gestionnaires de telles actions,  d'apprendre à faire la différence entre ceux qui vont savoir se saisir d'une opportunité pour faire grandir une action, et ceux qui ne vont chercher que le moyen de mettre celle-ci à leur propre service.  Pour autant, notre propre expérience dans ce domaine nous a appris ceci: pour s'entourer des "bonnes personnes", il ne faut pas se laisser leurrer par ceux qui manifestent un enthousiasme ou une adhésion trop bruyante. Ceux là ne durent pas.

A l'inverse, il convient sans doute de préférer les acteurs qui pressentent qu'ils vont trouver au travers de nos actions, une véritable promotion personnelle et professionnelle, dont ils ont le plus grand besoin, et qui leur est refusée partout ailleurs.

Ces derniers, sans bruit, sans déclarations sauront "tenir le quotidien", car ils y trouveront du sens.

 

 

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