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Faire du Social à l'ère de l'Anti-social

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Faire du Social à l'ère de l'Anti-social
13 Mai 2024

Faire du Social à l'ère de l'Anti-social

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Cela fait quelque décennies que nos dirigeants politique occupent les médias avec des représentations archaïques des problèmes sociaux et sociétaux.

Cela avait commencé il y a fort longtemps sous des gouvernements aux couleurs politique diverses, mais se poursuit encore et encore jusqu'à l’écœurement: internats éducatifs, réformes de la loi de 45 (protection des mineurs), uniformes, repérage de comportements anti-sociaux, pénalisation des parents défaillants, apartheid scolaire, "retour" aux fondamentaux, restauration de l'autorité perdue des institutions, etc.

Se situant plus dans le fantasme que dans la réalisation , ces "annonces" sont destinées à l'opinion publique, sous forme de "messages".

Dans un but idéologique , chaque problématique sociale est dénoncée et médiatisée, à l'occasion du moindre fait divers d'une manière caricaturale: les jeunes des quartiers sont des "barbares"; les chômeurs, des paresseux; les enfants sont ignorants; les immigrés embolisent les systèmes de soins et d'aide sociale; les jeunes sont de plus en plus violents et toujours plus tôt; les adolescents ne savent pas parler et sont "abrutis" et décérébrés; les immigrés ne s'intègrent pas et nous imposent leurs normes...

Avec une détermination sans faille, les discours politiques sur les questions sociales, travaillent à installer des représentations sociologiques, psychologiques, mais surtout idéologiques,  très en dessous du niveau de la Culture sociale qui avait été atteint par la population de ce pays.

C'est une entreprise volontaire, organisée de régression de la pensée sociale, éducative, culturelle et politique, qui est trop durable pour être mise sur le compte d'un simple manque de connaissances de la part de nos dirigeants actuels; tout cela est "assumé".

Quand on ne veut plus faire de social, on fait de la morale et on favorise le retour d'une pensée archaïque, marquée par le manichéisme le plus primaire: c'est toujours efficace.

Le bénéfice politique de cette "passion" est organisé selon un triptyque bien réglé:

 Diversions

La désignation "d'ennemis intérieurs",  l'affolement sur des dangers culturels et sociétaux imminents, permet de nous divertir loin des démantèlements en cours: détricotage du système de soins, transports hors de prix, mise sous condition de la solidarité sociale, exclusion de toute protection de pans toujours plus larges de la population globale.

Il y a tout un art pour détourner le regard et l'attention de l'opinion publique des entreprises en cours.  Il s'agit de déplacer la peur et l'attention des sujets qui devraient nous préoccuper, vers des peurs artificielles , opportunistes méticuleusement entretenues par un battage permanent dans le débat public.

Divisions

Opposer chacun à son voisin, à son conjoint, à sa famille, empêcher toute prise de conscience d'une condition commune en créant des fossés artificiels entre "bons" et "mauvais", "légitimes", et "illégitimes" ne décourage pas seulement toute volonté de se révolter, mais assure même une adhésion passive et collective, aux mesures qui nous pénalisent , sous couvert de viser des gens indéfendables.

Le gouvernement de la peur sociale et généralisée que nous subissons, favorise la division sociale et relationnelle, jusqu'à l'intime en jouant sur les meilleures intentions et les discours les plus vertueux.

Nous vivons ainsi une entreprise sans précédent d'opposition entre les sexes , dont on ne mesure pas encore les ravages , d'autant plus que c'est d'abord la jeunesse qui est le plus concernée. Les relations entre les sexes, chez les jeunes sont ainsi de plus en plus dominées par la peur et l'agressivité avec des conséquences paradoxales, aux antipodes des objectifs mis en avant. Le pire évidemment est que la violence qui en découle et qui génère constamment de nouveaux faits divers, vient renforcer la politique et les discours, qui favorisent ce climat détestable.

Dividendes

Orchestrer une politique sociale basée sur la morale a une immense vertu: ça ne coûte rien. Cela permet même de supprimer des droits à des individus et des groupes en toute sécurité. C'est l'ensemble de la protection sociale de toute la population qui est progressivement rognée, sans prise de conscience de l'ampleur ou de la réalité de l'intention destructive qui est à l’œuvre.

Nous souffrons aujourd'hui d'une "politique sociale" qui ne génère plus des mesures, mais des postures; pas de nouveaux droits, mais sans cesse de nouvelles limitations de nos libertés de la vie quotidienne; pas de nouvelles prestations, mais de nouvelles exclusions.

Dans la "Novlangue" qui imprègne le discours politique, le Social est devenu littéralement de "l'Anti-social", en nous habituant progressivement à des glissements sémantiques connus de longue date, mais toujours aussi efficaces: la surveillance est devenue sécurité; les refus d'assistance et de soin sont devenus "responsabilisation", et la répression se nomme dorénavant prévention.

Au sein de la population elle-même, les acteurs sociaux sont dépassés par cette situation inouïe. Ils savent bien de par leur profession, leur formation et leur expérience l'inanité et la stupidité des régressions qu'on leur présente comme des progrès. Il en ressort une perte de sens de leur fonction, de leur métier.

Il payent ainsi le prix d'une dépendance historique du Social au Politique. Tant que la politique était au service d'un progrès social continu, il était "facile" d'être travailleur social. Il y avait une sorte d'adéquation entre le sens de sa pratique et les objectifs affichés de la Société elle même. Tout cela était en quelque sorte "garanti par l’État".

Or, aujourd'hui, on ne peut plus être travailleur social, éducateur, animateur, de cette manière là.  Ou alors on y perd son âme et surtout le sens de ce que l'on est et de ce que l'on fait.

L'acteur social actuel doit dorénavant avoir sa propre boussole. Celle-ci ne peut pas non plus se limiter à un bricolage au jour le jour, d'arrangements, de petits ajustement, sinon elle n'aura pas grande valeur. Il faut plus que cela; il faut une Pédagogie, c'est à dire une science de sa pratique qui englobe aussi une vision politique et une compréhension des flux historiques, sociaux, culturels, dans lesquels nous sommes pris.

 

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