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Éducation populaire, Travail social et Pédagogie sociale - Partie 2: l'Invention de la proximité

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Éducation populaire, Travail social et Pédagogie sociale - Partie 2: l'Invention de la proximité
04 Juin 2024

Éducation populaire, Travail social et Pédagogie sociale - Partie 2: l'Invention de la proximité

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Au travers de cette "KroniK", en trois parties, je me propose d'exposer les points communs et les divergences entre Éducation nouvelle, Éducation populaire et Pédagogie sociale.

 

Partie II: l'Invention de la proximité

 

  Le temps des rôles différenciés

Les pratiques de Travail social et d’Éducation populaire ont ceci en commun, qu'elles reposent, même implicitement, sur la notion de distance sociale et relationnelle. L'acteur social engagé dans ses pratiques se considère lui même comme une sorte de "passeur": il accompagne; il donne accès aux droits sociaux, à la Culture, à la santé... Il n'est pas lui même impliqué dans le mouvement de la personne bénéficiaire. Il se voit lui-même comme un "repère fixe" et les relations qui en découlent , bien qu'individualisées, ne sont pas considérées comme "personnelles".

En effaçant le primat de la notion de "statut" irréductible, entre le Maître et l'élève, le prescripteur social et le "bénéficiaire", l’Éducateur nouveau, qu'il travaille dans le secteur du Travail social ou celui de l’Éducation populaire est à présent tout absorbé par "son rôle". Or c'est le "rôle" qui détermine la distance , un peu comme au théâtre , le comédien qui joue, cesse d'être une personne parmi les autres, voire même d'être lui même pour se prêter à ce qui relève dès lors du "jeu"; ce qui établit une distance infranchissable avec son public.

La Pédagogie sociale , dès ses origines, liées à l’œuvre et à la vie des "grands pédagogues sociaux", rompt violemment avec cet équilibre et ce consensus politique et professionnel; il s'agit de faire tomber les barrières et les cloisons y compris en mettant en cause cette notion de "rôle".

En Pédagogie sociale, l'éducateur, l'acteur social, ne "jouent pas"; c'est à dire qu'ils ne jouent pas un rôle, mais s'exposent directement en tant que personnes globales.

Dès lors, le Pédagogue social vit , comme ses bénéficiaires, au sein d'une société commune et défaillante. Son intervention n'est pas limitée au temps d'un passage ou de l'accès à des droits et des ressources.

Au temps des désastres

Pour les grands pédagogues sociaux, en effet, la société n'est pas une destination, un  but ou un objectif suffisants; car cette société est vue comme défaillante et "courant à sa perte". L’œuvre professionnelle et littéraire de Korczak , par exemple, repose sur une idée tragique de la société et de la vie sociale.  C'est dans le cadre des "désastres qui s'annoncent" (et il en a connu!) , que les relations éducatives et sociales qui se nouent autour des situations professionnelles, se créent et se développent.  En lieu et place de la distance professionnelle, c'est un ensemble de "proximités" qui s'imposent entre les publics et les acteurs sociaux.

Les graves carences de la Société commandent l'invention d'un nouveau type de relations qui n'effacent pas les différences mais qui unient dans un même combat l'acteur social et son bénéficiaire.

Cette certitude, cette expérience commandent de nouvelles postures professionnelles et pédagogiques.  Il ne s'agit plus d'accueillir les publics comme c'est la norme dans les structures sociales et d'éducation populaire, mais de les rejoindre là où ils vivent. Il ne s'agit plus de plonger le bénéficiaire dans un cadre et un environnement artificiels et contrôlés (les institutions). Au contraire, c'est l'acteur social qui se plonge désormais au sein de l'environnement actuel et réel, des publics bénéficiaires.

Il ne s'agit plus de créer des environnements artificiels et chargés des qualités qui font défaut à la société, mais de se confronter à la société elle-même au sein des environnements marqués par la violence sociale.

C'est justement au cœur des environnements les plus déconsidérés qu'on peut au mieux s'attaquer aux réels problèmes qui rongent la société.

Cet "étrangement" de l'acteur social, culturel , éducatif, en dehors des institutions et de leurs murs matériels et immatériels,  enlève dès lors toute consistance à la notion de distance relationnelle, sociale et éducative.

L'idée d'accompagnement n'a plus de sens quand c'est la société elle-même qu'il s'agit de changer (et pas le bénéficiaire).  Dès lors, on agit ensemble quel que soit son statut: professionnel , bénévole, volontaire, bénéficiaire ou étudiant. Les rôles qui en découlent sont provisoires et découlent des nécessités de la situation réelle; et ils peuvent indifféremment et successivement être portés par les uns et les autres en fonction des besoins de cette même situation.

Les 4 proximités

La proximité relationnelle et professionnelle n'est en rien naturelle ou spontanée; c'est un acquis, un outil indispensable, qui nécessite du travail, de l'engagement et de l'organisation. L'organisation prend ainsi la place de l'institution; elle s'impose par son efficacité et par la protection qu'elle apporte à chacun des acteurs engagés. Toute organisation découle d'un travail à faire, y compris le Travail social, c'est à dire le travail de la société sur elle-même.

Il existe un  lien indissociable entre organisation et proximité. C'est l'organisation qui crée la possibilité et les occasions d'établir une proximité; c'est la proximité entre tous les protagonistes des actions sociales, culturelles, éducatives et sanitaires, qui donne corps et légitimité à cette organisation.

Les proximités qui en découlent se déclinent en plusieurs ordres: géographique, relationnelle, culturelle, et "stratégique-politique".

La proximité géographique, la première, impose de réaliser le travail social dans l'environnement réel. La proximité relationnelle crée les liens nécessaires à la constitution d'une organisation qui correspond à de véritables aspirations de vie chez tous les protagonistes. La proximité culturelle permet la reconnaissance et la valorisation de chacun dans ses multiples influences culturelles, et surtout permet la production d'une culture commune au groupe ou à la communauté naissante.  La proximité "stratégique-politique" établit le lien social sur la base "d'une alliance" de circonstance et de situation, au delà de toutes les différences et divisions, autour d'une préoccupation, dès lors, commune.

 

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