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Cité par Gérard Neyrand, dans son ouvrage, "Critique de la pensée positive" (Eres- 2025) , le concept de "Out-sourcing" , en lien avec la responsabilisation de soi, a été développé par Cedeström et Spicer dans "Wellness syndrom" (2016).
Il s'agit d'un processus, une forme dynamique qui emprisonne l'individu dans deux grandes tendances qui se renforcent symétriquement.
Dans un premier temps, l'individu moderne, prend conseil sur tout. L'omniprésence des outils cyber-cognitifs le pousse continuellement à se référer à des expertises sur tous les sujets, à tous les moments. Ces expertises ne sont jamais questionnées, pas plus que les savoirs et sources contradictoires dont elles sont une forme de synthèse "automatique".
De ce fait, ces expertises dans lesquelles baigne l'individu moderne ne pourront jamais devenir des "connaissances", dont il aurait la maîtrise parce que, d'une part elles ne correspondent à aucun désir véritable de compréhension du monde, et d'autre part parce qu'elles ne répondent à aucun obstacle cognitif, aucune difficulté mentale pour comprendre. Le sujet reste ignorant de la genèse et de la dynamique des savoirs dans lesquels il se noie.
Ce besoin d'expertise est sans fin puisqu'il constitue et renforce l'individu dans l'incapacité de se forger sa propre opinion, son propre savoir sur le monde. Pour l'individu moderne, c'est très clair: le savoir et la connaissance campent en dehors de lui même dans un nuage (cloud), au milieu duquel il ne voit plus rien.
Cette extériorité de l'expertise, de tout savoir, y compris du savoir sur sa propre vie trouve son origine et son sens dans une tendance opposée: la "sur-responsabilisation de soi-même". Si nous avons besoin à ce point d'expertise sur tous les sujets, c'est d'abord parce que nous avons une nouvelle responsabilité fantastique sur nous mêmes, qui est en quelque sorte notre mission, notre raison d'être et qui nous est prescrite par un ordre social et culturel envahissant.
Nous sommes en effet incités à gérer non seulement notre vie, mais notre individualité même comme si c'était notre entreprise , notre fonction ou le sens même de notre existence.
Nous sommes ainsi responsables de ce que nous sommes, en effaçant du même coup l'ensemble des contraintes économiques, sociales, culturelles et historiques qui sont les nôtres. Nous resterons ignorants de tout cela, par la nécessité même où nous nous trouvons de rendre compte de nous mêmes, par nous-mêmes et "tout seul".
Il faut bien comprendre cette sur-responsabilisation de soi, dans ce qu'elle a de tentaculaire. Nous ne sommes en effet pas seulement responsables de ce que nous sommes, mais dans l'évolution sociétale que nous subissons, nous devenons de plus responsables également de ce qui nous arrive.
Nous voici sans recours: enfermés en nous mêmes pour toute explication du Monde et de la vie. Du coup, nous avons encore plus besoin d'aide et d'expertises extérieures et nous devenons dépendants des conseils et prescriptions qui baignent et rythment dorénavant notre vie sociale et culturelle.
La coexistence de ces deux tendances et injonctions dans notre vie ( rechercher des expertises extérieures/ nous gérer nous mêmes) nous dépossèdent de tout pouvoir d'agir concret sur le cours des événements, sur tout sujet politique ou social qui pourtant, nous déterminent. Car tout simplement, nous n'avons plus accès à ces dimensions.
Nous sommes ainsi amputés des conditions historiques de nos existences, de toute dimension dynamique dans la perception de ce qui nous arrive. Tout pour nous est statique, étal, devant nous, sans causalité et sans rien à y comprendre. Nous n'avons qu'à gérer, nous manager nous mêmes avec ce qui est là, ce qui nous est fourni, sans jamais nous poser la moindre question ou le moindre pouvoir de rechercher autre chose.
A l'opposé de cet enfermement, une toute autre attitude devrait nous requérir. Celle de prendre comme boussole de notre existence, notre propre expérience de vie; refuser toute expertise externe qui serait sans lien avec celle-ci. Il importe en effet que nous soyons ingénieurs et experts de nos propres pratiques sociales et de lutter ainsi contre la prolétarisation qui nous est imposée.
C'est à une telle tâche que nous invitent la Pédagogie sociale d'une part et la Philosophie sociale pour la soutenir: devenir les auteurs , non de nous mêmes, mais de notre rapport au Monde.
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