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Brève de Philo sociale: Constituer la jeunesse en sous-prolétariat

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Brève de Philo sociale: Constituer la jeunesse en sous-prolétariat
13 Mai 2025

Brève de Philo sociale: Constituer la jeunesse en sous-prolétariat

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Le sociologue, Michel Fize, estime dans différents articles et vidéos que la difficulté pour la jeunesse d'accéder à la stabilité sociale et à l'emploi a été progressivement mise en place, au prétexte même de l'objectif de faciliter son insertion. Il décrit comment les politiques d'accès à l'emploi, destinées à la jeunesse ont progressivement , depuis les années 1980, placé cette même jeunesse dans un statut mineur, qui l'a constituée comme une classe sociale à part, toujours marginalisée.

Au motif même de lui venir en aide, on a petit à petit exclu la jeunesse du fonctionnement ordinaire de l’Économie et de la Société , en la cantonnant dans une catégorie marginalisée, et en réservant pour elle des emplois de mauvaise qualité, ou des parcours désespérants de stages, de volontariat, et de précarité sociale et économique.

Il convient de mener plus loin ce raisonnement, car ce mouvement d'exclusion de la jeunesse participe d'une politique plus générale de constitution de celle- ci comme un "sous prolétariat" dont la société entend se passer.

Dans ce pays où le pouvoir est toujours davantage monopolisé par les anciens qui ont l'exclusivité de la représentation politique de leurs intérêts (gérontocratie), la jeunesse subit un décrochage qui ne se cantonne pas au monde du travail.  En effet, les enfants, les adolescents et jeunes sont-ils de plus en plus rendus étrangers à tout ce qui les concerne, en commençant par leur propre scolarité de plus en plus vécue comme extérieure à leurs intérêts.

La période COVID a ainsi produit un modèle de mise à distance des enfants et des jeunes vis à vis des institutions et établissements qui leur sont pourtant destinés. Tout les incite depuis lors au décrochage: les emplois du temps incertains, grevés d'absences et de trous, l'individualisation des parcours scolaires qui les isole et les prive de tout vécu collectif, et surtout la perte d'espoir de l'intérêt pour eux, d'étudier, comme de travailler.

La prise en charge de la jeunesse, ce que la société organise pour eux ne concerne plus les jeunes. C'est un scénario en dehors d'eux qui se passe de leur motivation comme de leur présence.  Nous assistons à la création d'un "no man's land" pour la jeunesse dans notre pays qui a pour conséquence le désintérêt profond de ces derniers que ce soit vis à vis des études, des perspectives d'emploi ou de la participation ordinaire à la Société.

Dans ces conditions, il est aisé de faire du "bashing" anti-jeunes et fustiger dans cette catégorie d'âges, le refus du travail, de l'effort,  l'absence d'intérêt pour apprendre et le recours à la facilité des outils de la "Tech".

La vérité est que notre société n'a aucun projet pour sa jeunesse, et qu'elle reste accaparée par les générations du dessus qui mettent tous les moyens à leurs propres services en s'assurant de tenir éloignés les jeunes, de tout désir de participation.

Cet accaparement s'accompagne d'un refus de transmettre à cette catégorie marginalisée et détachée, quoi que ce soit.  L'abandon est total et est internalisé par les jeunes eux mêmes sous la forme du renoncement , du manque d'intérêt pour le peu qui leur est proposé et vis à vis du jeu et de la vie sociale, en général.

Si cette catégorie de jeunesse est ainsi constituée de l'extérieur comme  un public extérieur à la société et à son gouvernement,  c'est bien sous la forme d'un sous -prolétariat , c'est à dire comme un groupe qui ne peut pas se constituer, s'organiser par lui même, comme une force ou un collectif.

Subir l'exclusion au motif qu'on est jeune, ne rapproche en effet pas des autres jeunes; cela ne constitue pas une expérience commune à partir de laquelle on pourrait se structurer ou se définir collectivement. C'est de l'exo-détermination à l'état pur.  La jeunesse est définie de l'extérieur sous l'influence de préoccupations économiques, politiques et sociales qui la tient à l'écart. C'est justement cela, un sous-prolétariat.

Refuser le "jeunisme" de la part des institutions, ne peut passer que par la réaffirmation comme valeurs absolues, des exigences d'universalité et d'inconditionnalité des droits sociaux, et de participation sociale. Il convient de dénoncer les dominations "adultes", "l'âgisme",  quelles que soient les préoccupations sécuritaires et de protection qui leur servent toujours de prétexte, pour ce qu'elles sont: des mises à l'écart, des expulsions.

Si les institutions de la jeunesse sont devenues à ce point , des outils d'exclusion,  d'occupation,  de diversion, de mises à l'écart, c'est bien en dehors d'elles , dans la rue, dans la Cité, qu'il convient de mettre en œuvre des actions sociales, éducatives, sanitaires, culturelles, "inconditionnelles",  au sein desquelles les jeunes trouvent naturellement leur place bien qu'elles ne leur soient pas spécifiquement destinées.

Les pratiques en Pédagogie sociale démontrent partout où elles se déploient, l'énergie des enfants, adolescents et jeunes, pour les animer,  les développer et les tenir.

 

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